Jérôme Coupé

Pourquoi chercher à aller plus vite nous ralentit : une réflexion sur la vitesse, la productivité et la fluidité

Introduction

Pendant longtemps, j’ai cru que l’efficacité se mesurait à la vitesse. Planifier mieux, prioriser plus finement, exécuter plus vite… Accélérer à tout prix.

Mais avec le recul, et surtout après plusieurs expériences marquantes en équipe et en solo, j’ai compris que cette quête de vitesse brute était un piège.

La véritable efficacité ne vient pas de la vitesse. Elle vient de la fluidité.

Dans cet article, je vous propose de décrypter ce changement de perspective : pourquoi aller plus vite nous ralentit souvent, et comment construire une performance durable en cultivant la fluidité.

L’obsession de la vitesse : symptôme d’une vision biaisée de la performance

Chercher à aller plus vite est naturel. Notre environnement moderne glorifie la vitesse :

  • Deadlines serrées.
  • Notifications permanentes.
  • Valorisation sociale de l’urgence.

Psychologiquement, la vitesse donne une illusion de maîtrise. Plus on fait vite, plus on croit avancer. Mais souvent, cette obsession masque des dangers invisibles :

  • Perte de lucidité : on agit sans discernement.
  • Surcharge cognitive : plus de tâches, moins de priorités.
  • Optimisation à vide : améliorer ce qui ne compte pas vraiment.

La vitesse, sans cap clair, devient du mouvement désinfecté de sens.

Quand le perfectionnisme devient un faux allié

Mon perfectionnisme naturel m’a longtemps poussé à vouloir bien faire partout.

Je passais un temps infini à polir chaque détail, à chercher à optimiser des éléments mineurs, pensant que cela augmenterait ma valeur ajoutée.

Mais en réalité :

  • Beaucoup d’énergie était dépensée pour des impacts marginaux.
  • Je ressentais une forme d’épuisement latent.
  • Et surtout, une impression constante de « ne jamais avancer assez vite ».

Ce que j’ai compris : vouloir tout rendre parfait ralentit la progression vers ce qui est vraiment essentiel.

Productivité ≠ Vitesse : la confusion classique

J’ai longtemps été victime de cette confusion.

La véritable productivité, ce n’est pas produire plus vite. C’est maximiser l’impact utile avec le moins de friction possible.

La loi de Pareto l’illustre parfaitement : 20% des efforts produisent 80% des résultats. Encore faut-il savoir où mettre ces 20%.

La vraie clé : cultiver la fluidité

Avec le temps, j’ai redéfini ma boussole :

La fluidité précède la vitesse.

Fluidité, c’est :

  • Simplifier les flux de travail.
  • Supprimer les frictions invisibles.
  • Prioriser radicalement ce qui crée de la valeur.

Chercher à aller plus vite sans fluidité, c’est comme appuyer sur l’accélérateur avec le frein à main serré.

Deux expériences concrètes qui ont changé ma vision

1. L’architecture technique : l’accélération impossible

Dans une équipe d’environ 15 personnes, tout le monde cherchait à produire plus vite. Plus de story points, plus de « meilleures pratiques ».

Mais rien n’y faisait : l’architecture technique était le plafond de verre. La dette accumulée rendait chaque évolution lente et risquée.

Le problème n’était pas la volonté, ni la méthode. C’était le contexte structurel.

2. L’automatisation : libérer l’énergie plutôt que forcer

Dans une autre équipe (10-12 personnes), une grande partie du temps était engloutie dans des tâches administratives et de suivi.

Plutôt que de « faire mieux » ce travail chronophage, nous l’avons automatisé.

Conséquence directe :

  • Libération de capacité.
  • Focalisation sur des missions à forte valeur.
  • Explosion de la qualité de delivery et du bien-être équipe.

Les vrais leviers de la performance durable

Au lieu de chercher à aller plus vite, je me concentre aujourd’hui sur :

  • La structure : quels obstacles systémiques freinent notre avancée ?
  • La clarté : quelles sont les vraies priorités ?
  • La qualité du flux : où sont les frictions à enlever ?
  • La dynamique collective : comment avancer ensemble, sans tensions parasites ?

Cette approche rejoint à la fois la loi de Parkinson (plus on laisse de temps à une tâche, plus elle s’étend) et la théorie du flux de Mihaly Csikszentmihalyi : un état de fluidité maximale entre compétence et challenge.

Conclusion : avancer mieux, pas plus vite

La véritable efficacité ne consiste pas à appuyer plus fort. Elle consiste à enlever les freins, simplifier les trajectoires, créer de la fluidité.

Quand la fluidité est là, la vitesse suit naturellement.

Vouloir accélérer sans fluidité, c’est vouloir courir sur du sable mouvant.

Cultiver la fluidité, c’est avancer léger, aligné, efficace.

Et vous ?

Dans votre quotidien, quel est aujourd’hui votre principal frein invisible, celui qui ralentit votre progression ?

Je serais ravi de lire vos expériences en commentaire ou d’échanger avec vous en message privé !


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